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ZOOM sur ... Les 17èmes Rencontres Nationales "Chauve-souris"

Ce mois-ci, la rubrique ZOOM SUR… a un peu de retard ! Mais ceci est pour la bonne cause : nous voulions vous faire partager un moment fort que sont les Rencontres Nationales « Chauve-souris ». Organisées tous les deux ans dans la ville de Bourges, elles constituent un week-end de rencontres, de partages et d’échanges sur l’ensemble des actions, découvertes et activités relatives aux Chiroptères (Chauves-souris). Le Groupe Chiroptères d’Indre et Loire était présent lors de ces rencontres. Voici donc un aperçu du week end…


Fresque réalisée à l'occasion des 17èmes Rencontres Nationales "Chauve-souris"
 

Le samedi matin fut consacré aux communications : diverses intervenants présentent une conférence de 15 minutes sur une étude ou un suivi réalisé récemment.

En voici un aperçu :

Maîtrise des impacts éoliens sur les chauves-souris : actions et stratégie du Groupe Technique Eolien de la SFEPM (présenté par Yannick Beucher)

C’est aux alentours des années 1989 que les premières études ont démontré un impact fort des éoliennes sur les rapaces aux USA. Ce n’est que dix ans plus tard que des impacts sur les Chiroptères sont évoqués. Puis, en 2004 est né le premier Guide de l’étude d’impact sur l’environnement des Parcs éoliens (version 2010 à télécharger*). Finalement, en 2008, les notions de barotrauma et d’attractivité des parcs éoliens sur les Chiroptères sont démontrées, appuyés par une perte d’habitats entrainée par la construction des parcs. Arnett et al. (2016) a ainsi contribué à réformer des études d’impact. Celle-ci émanant du constat que l’état des lieux en 2016 a montré que 41 000 à 132 000 Chiroptères avaient été tués par les parcs éoliens : représentant une perte de 46% des populations françaises. Les espèces les plus touchées étant la Noctule commune (Nyctalus noctula) et la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri). Il a d’ores et déjà était mis en évidence que la distance à la lisière fait varier les risques éoliens. Cependant, il est démontré une nécessité de prendre en compte :

  • les données acoustiques

  • les suivis de mortalité

  • les conditions climatiques

Un suivi au niveau des nacelles pourrait être engagé pour suivre le risque en continu sur les parcs existants.

Enfin, un guide réalisé par la SFEPM permet de mettre en place un pré-diagnostic**.

Base de données en ligne des cris sociaux de chauve-souris (présenté par Yves Bas et Olivier Vinet)

Suite a une idée d’Yves Bas et d’Olivier Vinet relative à un manque d’informations sur les cris sociaux, une sonothèque en ligne a été envisagée. Elle a vu le jour après un long travail d’étude des cris sociaux de différentes espèces en France et en Belgique appuyé par la thèse réalisée par Pfalzer (2002) traitant de la reconnaissance des cris sociaux. Rédigé en allemand, elle a ensuite été traduite par Yann Gager. Cette traduction a permis de complémenter la sonothèque. Quatre types de cris sociaux ont ainsi pu mettre mis en avant. Des difficultés d’identifications persistent encore pour certaines espèces telles que le Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersii).

La sonothèque* de référence présente des sonagrammes ainsi que des fichiers .wav à télécharger pour chaque espèces de Chiroptères en France et en Belgique.

Document acoustique disponible sur la sonothèque

Chiro-Immo : une équipe pour vos projets de rénovation pour Chiroptères (présenté par Lilian Girard)

Divers aménagements sont mis en place dans le bâti afin de favoriser la présence de Chiroptères :

  • Pose de chiroptières dans une église du Puy de Dôme

  • Aménagement d’un ancien moulin en Charente-Maritime

  • Aménagement d’un ancien tunnel dans le Loire

  • Aménagement d’un ancien mas dans l’Hérault

Le retour de ces aménagements a montré comme essentiel l’étude de l’utilisation des sorties de gîtes, de l’aération, de la température. Cependant un autre élément important pour la mise en place de ces aménagements est la prise en compte des contraintes administratives et financières.

Un Recueil d’expériences d’aménagements pour une meilleure cohabitation Chiroptères-Homme en milieu bâti rédigé par la SFEPM est disponible* afin de partager l’ensemble des aménagements d’ores et déjà réalisés.

Rénovation thermique en ville, action concrètes pour conserver les chauves-souris (présenté par Laurent Arthur)

Les nouveaux programmes de rénovation énergétique ne prennent pas aujourd’hui en compte les Chiroptères. En effet, les travaux réalisés sur les immeubles et maisons de particuliers peuvent avoir de forts impacts sur les espèces anthropophiles. Des espèces comme la Sérotine (Eptesicus sp.) et la Noctule (Nyctalus sp.) sont présentes dans des immeubles à des hauteurs de 8-10m tandis que les Pipistrelles (Pipistrellus sp.) se trouvent à des hauteurs de 3-12m dans les bâtiments. De nombreuses menaces pèsent sur ces espèces déjà en déclin :

  • Engrillagement

  • Destruction directe : collage de plaques d’isolant ou le rebouchage des fissures

  • Destruction de gite

L’action de Laurent Arthur a permis au sein de la ville de Bourges de démarcher les bailleurs sociaux dans le but de les accompagner lors des différentes phases de chantier.

Il s’avère que ce travail nécessite une grande disponibilité d’une part pour les réunions (négociation des installations de nichoirs métalliques posés sur les corniches des bâtiments*) et d’une autre part pour les visites de chantiers (repérage des chiroptères dans les fissures).

En plus d’un accompagnement d’aménagements et de contrôle des bâtiments, des nichoirs d’une valeur de 700 euros pièces ont été testés dans le Cher et sont élaborés pour répondre aux attentes des architectes (sécurité, esthétisme…). D’autres projets de nichoirs intégrés directement aux bâtiments sont envisagés. L’ensemble de ces aménagements est pensé et réalisé en relation avec l’IUT de Bourges et doivent être étendu à d’autres projets de réhabilitation.

Un document traitant des Chiroptères et de l’isolation des bâtiments sera bientôt disponible après validation par le Ministère.

Conférence présentée par Laurent Arthur et Lilian Girard
 

Le samedi après-midi a accueilli des ateliers d’échanges et des tables rondes abordant divers sujets :

Construction de sites souterrains en faveur des Chauves-souris – états des lieux, réflexions et perspectives (présenté par Christophe Borel, Vincent Cohez et Sébastien Roué)

La mise en place de sites souterrains dans le cadre de mesures compensatoires a été envisagée à plusieurs reprises. Différents types d’aménagements sont possibles :

  • Galerie (environ 40 000 euros/galerie)

  • Structure en escargot

  • Buse

  • Structure en parpaings

  • Carrière

  • Cave

  • Vides sanitaires

Dans le Finistère, une « maison » avec une cave a été construite pour 20 000 euros dans le but d’accueillir des Grand Rhinolophes (Rhinolophus ferrumequinum) qui se sont d’ailleurs installés. Le sol a été laissé a nu dans le but de favoriser l’humidité.

Afin de favoriser la l’installation des Chiroptères, la méthode de « repasse » a été testée sur certains sites. Peu de retours ont d’ores et déjà été rapportés.

D’autres aménagements mis en place semblent cependant présenter des résultats mitigés.

Cependant, à terme, ce type d’aménagement pourrait permettre de recréer un maillage de sites protégés pour la reproduction ou l’hibernation.

Table ronde aménagement de sites souterrains

Aménagements loupés : quand les échecs amènent à la connaissance (présenté par Laurent Arthur et Lilian Girard)

Cette table ronde a permis de partager sur des retours d’expériences d’aménagements peu réussis. Certains facteurs peu évident n’avait pas été abordés/imaginés lors des périodes de diagnostics. De cette façon, les facteurs importants avant la mise en place d’aménagements sont donc :

  • L’étude des entrées

  • La prise en compte des prédateurs potentiels sur site

  • L’étude du changement de température (pouvant mener un site d’hiver à devenir site d’estivage dans le pire des cas)

  • La protection physique des gîtes (étude de la hauteur des grilles selon les espèces)

Certains aménagements ont pu malgré une diminution de la population sur place montrer que les Petits Rhinolophes (Rhinolophus hipposideros) n’apprécient pas des grilles supérieures à 4m de hauteur tandis que les Grands Rhinolophes (Rhinolophus ferrumequinum) vont favoriser des ouvertures de 60 cm de long pour une sortie de gîte.

Table ronde aménagements loupés

Espèces anthropophiles en déclin (présenté par Sophie Declercq et Pierre-Emmanuel Bastien)

Les SOS Chauve-souris restent primordiaux pour la connaissance des Chiroptères dans le bâti. Certaines structures ont modifiés les noms de cette action dans le but de la rendre plus accessible et plus vaste d’intervention telle que « Info Chiro ».

De cette façon, en répondant aux appels de propriétaires ayant des colonies dans leur habitation, les structures sont amenées à mettre en place des aménagements.

Un modèle de nichoir à Rhinolophes (Rhinolophus sp.) a été installé dans des combles et présente un succès certain avec l’installation de Petits Rhinolophes (Rhinolophus hipposideros).

Des combles peuvent être aménagés avec l’installation d’un caisson autonome vidangeable permettant de récupérer le guano et de limiter le « dérangement » créé par les Chiroptères pour les propriétaires. Par dérangement, est ici compris, présence d’urine et de guano dans le cas de très grosses colonies.

Ce type d’aménagements et de suivis assure une protection et une conservation des espèces anthropophiles.


Table ronde sur les espèces anthropophiles

 

Les participants aux Rencontres Nationales ont ensuite été conviés par le Maire-Adjoint de Bourges à un vin d’honneur.

Discours de M. le Maire-Adjoint de Bourges

 

Après un repas convivial entre chiroptérologues, « Les ailes du Maquis » un film magnifique de Tanguy Stoecklé et Marie Amiguet abordant les études chiroptérologiques de nos amis corses a été diffusé dans l’auditorium. La seconde partie de soirée s’est terminée autour d’un verre pour fêter la St-Patrick, propice aux moments d’échange et de partage.

 

Le dimanche, dernier jour des Rencontres, s’est organisée autour de conférences sur divers thèmes parmi :

Pourquoi la Barbastelle se plait-elle en Bretagne ? et autres réponses apportées par le référencement des enregistrements acoustiques passifs depuis 2013 (présenté par Thomas Dubos)

Disposant d'un jeu de données acoustiques conséquent, le GMB a décidé d'étudier la réparition de la Barbastelle d’Europe (Barbastella barbastellus) au niveau régional. En effet, celle-ci est assez facile à identifier au sol et ne semble pas fortement impactée par les conditions météorologiques. Ces études ont pu exposer que l’espèce est présente dans l’ensemble des habitats à l’exception des cultures où elle figure en plus faible abondance. Conclusion : Elle se plait bien en Bretagne.

QBR, un outil d’évaluation des ripisylves pour les chauves-souris (présenté par Katy Maratrat et Lilian Girard)

Cet outil, testé en Auvergne, s’inspire d'un protocole espagnol appliqué à la qualité des ripisylves. L'idée consiste à étudier les Chiroptères, considérés comme des espèces indicatrices, pour évaluer les qualité de ce type de milieux aquatiques. Ce protocole pourrait mettre en valeur les tronçons attrayant pour les Chiroptères pour une meilleure prise en compte dans les projets d'aménagements. Les premières conclusions sont encourageantes, même si cet outil reste à être affiner.

Et si les chauves-souris pouvaient limiter les ravageurs de la vigne ? (présenté par Yohan Charbonnier et Olivier Touzot)

Le protocole est basé d’une part sur le suivi acoustiques des Chiroptères dans les vignes et d'autre part par une analyse biologique (PCR) pour confirmer la consommation d'insectes ravageurs par les Chiroptères. Cette étude a permis de confirmer un prélèvement des chauves-souris sur les populations d'insectes (type Eudémis), accentué lors d'épisodes d'émergences. Les Chiroptères sont donc utiles aux viticulteurs dans la lutte des insectes ravageurs des vignes

Identification des facteurs de risque pour une métapopulation située en limité d’aire de distribution : exemple du Petit Rhinolophe en Picardie (présenté par Eric Petit)

La fidélité des Petits Rhinolophes (Rhinolophus hipposideros) à leurs gîtes proches indique, grâce à cette étude, qu’il existe peu de transfert entre les méta-populations. Ainsi, 80 km semble être la distance "maximale" permettant les échanges entre les noyaux de populations de Petits Rhinolophes. Ce comportement casanié limite le brassage génétique au sein des méta-populations occasionnant une potentielle menace à long terme. La mise en place d'un réseau de gîtes favorables pour cette espèce afin de maintenir une distance raisonnable entre les colonies pourrait être une solution durable.

Conférence tenue par Eric Petit

 

Durant tout le week-end des exposants étaient présents pour nous présenter du matériel, des ouvrages littéraires, des produits dérivés, des réalisations artistiques.

Parmi le matériel présenté :

  • Enregistreur acoustique SM4BAT

  • Echomètre Touch 2

 

De nombreux posters nous ont aussi permis de nous informer sur plusieurs études ayant été réalisées telles que :

  • Actualités sur la rage des chauves-souris (par Evelyne Picard-Meyer, Alexandre Servat, Emmanuelle Robardet, Nathalie Stroucken et Florence Cliquet)

  • Modélisation de la distribution spatiale de la Sérotine commune au sein du Parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin (par Fabien Verniest, Nicolas Fillol, Laurent Alborino & Christian Kerbiriou)

  • Suivi d'un site de transit pour le Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersii) par chronophotographie (par Robin Letscher et Lucie Defernez)

  • Mise bas de la Noctule commune en Bretagne et étude de l'espèce dans le département d'Ille et Vilaine (par Thomas Le Campion)

  • Activité des pipistrelles dans un site d’hibernation. Une classe de terminale du Cher s’engage (par Amélie Chrétien, Joséphine Leduc, Laure Rousseau et Lisa Durand)

  • Les chiroptéroducs, une solution insuffisante pour canaliser les franchissements de chauves-souris au-dessus de la route (par Claireau F., Bas Y., Puechmaille S.J., Julien J.F., Allegrini B. & Kerbiriou C.)

 

Vous pouvez trouver ici le programme passé des 17ème Rencontres Nationales « Chauve-souris » :


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