Les Chiroptères (Chauves-souris) sont soumis comme beaucoup d’autres espèces à la perte d’habitat et notamment ceux leur permettant d’effectuer leur cycle de vie (Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer, 2017). En effet, beaucoup d’espèces de Chauves-souris utilisent des gites anthropiques pour la reproduction (granges, greniers) ou l’hibernation (caves, anciennes carrières d’exploitation, champignonnières). La restauration des anciens bâtiments comme les granges ou la fermeture physique des caves ou carrières (pour des raisons de sécurité) réduit l’opportunité pour les Chauves-souris de trouver des gites. Il en est de même avec la diminution des vieux arbres constituant des arbres gites. Ainsi, dans le but de les protéger et de les conserver, certains aménagements sont aujourd’hui possibles à mettre en place. Parmi eux, les nichoirs semblent être une alternative possible qui présente malgré tout des avantages mais aussi des limites.
Qu’elles sont les espèces pouvant utiliser les nichoirs ?
Parmi les études ayant d’ores et déjà était réalisées, un cortège d’espèces occupant les nichoirs se dégage. Dans l’étude réalisée par Forget, 4 espèces ont été observées dans des nichoirs : la Pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus) (91%), la Pipistrelle de Nathusius (Pipistrellus Nauthusius), le Murin de Bechstein (Myotis bechsteinii) et la Noctule commune (Nyctalus noctula). La Pipistrelle de Kuhl (Pipistrellus kuhlii) (Grignon, 2010), la Pipistrelle pygmée (Pipistrellus pygmaeus) (Jay et al., 2012) et la Barbastelle d’Europe (Barbastellla barbastellus) (Mc Donald et Feber, 2015) peuvent aussi utiliser les nichoirs.
Figure 1 : Barbastelle d’Europe (à gauche), Murin de Bechstein (au centre), Pipistrelle commune (à droite) – Photographies de Yohan Douveneau
Quelles caractéristiques un nichoir doit-il avoir ?
Les nichoirs sont utilisés pour palier à la destruction et donc à la diminution des gites. De cette façon, ils doivent présenter des caractéristiques qui sont similaires. Les chauves-souris appréciant la promiscuité, il est important que les dimensions du nichoir aillent dans ce sens.
Par exemple, Forget a montré que les nichoirs de type A et B sont les nichoirs étant les plus occupés. En effet, ils imitent le décollement d’une écorce, un linteau de grange ou encore une fissure de cavité. Les nichoirs de type E imitant un arbre creux sont eux moins efficaces.
De cette façon un nichoir de 35cm de long, pour 55cm de haut et 2cm de large peut être favorable aux Chiroptères.
Les matériaux constituant le nichoir varient et apportent des conditions pouvant être différentes.
Figure 2 : Différents modèles de nichoirs
Les matériaux pouvant être utilisés sont les suivants :
Bois non traité : peu couteux, utilisable soit même
Béton de bois : très robuste, léger, évite la condensation, difficile à se procurer (www.nichoirs-schwegler.fr)
Toile bitumée (accolé sur le bois) : amplifie la chaleur
Où installer un nichoir ?
Un nichoir à Chauves-souris peut être installé dans n’importe quel type d’habitat. L’essentiel est de respecter quelques règles :
Le placer à plus de 3m du sol pour éviter qu’il soit accessible pour les prédateurs (chat, serpents)
Le placer en exposition sud s’il est installé pour une utilisation pendant la période estivale (l’exposition au soleil est plus longue et plus importante, l’accumulation de chaleur est meilleure)
Le placer dans une zone de dérangement faible
Le placer dans une zone où le nichoir n’est pas éclairé
Le nichoir peut être installé sur un arbre, une façade de bâtiment, un poteau.
Le nichoir va-t-il être utile et abriter des chauves-souris ?
L’utilisation d’un nichoir par les Chiroptères va dépendre de plusieurs facteurs. Parmi eux, celui qui semble le plus évident est l’abondance de Chiroptères aux alentours de la zone dans laquelle le nichoir est installé. De plus, il semblerait qu’un temps de latence soit observé entre la pose et les premiers signes d’occupations. Plusieurs années sont nécessaires pour que le nichoir soit colonisé. Son utilisation se développe et s’accroit au bout d’une dizaine d’année.
Pourquoi installer des nichoirs ?
L’installation de nichoirs peut être envisagée dans plusieurs buts :
Pour favoriser les Chiroptères dans un but intrinsèque, c’est-à-dire les préserver parce qu’ils font partie intégrante de la biodiversité (comme on le fait en plaçant des mangeoires à oiseaux par exemple)
Pour proposer un gite de substitution aux Chauves-souris lorsque des travaux vont détruire le gite qu’elles occupent
Pour leur permettre de nous aider en agriculture/viticulture pour lutter contre les ravageurs : des études dans le Delta de l’Ebre réalisées en 2015 (Puig-Montserrat et al.) ont montré que l’implantation de nichoirs à Chauves-souris a pu leur permettre de s’implanter dans les rizières et d’éradiquer naturellement un ravageur des cultures de riz. En 2017, une telle étude a débuté sur les appellations viticoles des Vins de Monbazillac et de Duras (Chambre d’Agriculture de Dordogne et Conservatoire d’Espaces Naturels d’Aquitaine) dans le but d’observer si les Chauves-souris pourraient aider à la lutte contre un ravageur des vignes : l’Eudémis.
Comment obtenir un nichoir à Chauves-souris ?
Contacter le Groupe Chiroptères d’Indre et Loire qui peut réaliser pour vous des nichoirs (chauvesouris37@gmail.com)
Se rendre sur les sites de référence dans la vente de nichoirs ou contacter des fabricants (www.nichoirs-schwegler.fr ; René Boulay : 02.35.69.39.28)
Le fabriquer soi-même (vous pouvez contacter le Groupe Chiroptères d’Indre et Loire pour en discuter et obtenir des conseils)
Pour en savoir plus…
FORGET, Des nichoirs pour les chauves-souris, 6 pages
GRIGNON R., 2010, Bilan de 13 années de suivi de gîtes artificiels pour chiroptères, en forêt domaniale de Tronçais 1997-2006, Chauve Souris Auvergne, 18 pages + annexes
JAY M. et al, 2012, Les chauves-souris consomment-elles des ravageurs ? , 7 pages
MINISTERE DE L’ENVIRONNEMENT, DE L’ENERGIE ET DE LA MER, 2017, Plan national d’actions en faveur des chiroptères 2016-2025, 83 pages
PUIG-MONTSERRAT X. et al, (2015), Pest control service provided by bats in Mediterranean rice paddies : linking agroecosystems structure to ecological functions, Mammalian Biology 80, 237-245
WHYTE MACDONALD D. et FEBER E., 2015, Wildlife Conservation on Farmland –Volume 1 – Managing for Nature on Lowland Farms, 323 pages
http://www.nichoirs-schwegler.fr/